La relance des zones intérieures en Italie et les coopératives communautaires. Le cas -infructueux- de Gerfalco

Relaunch of Italy’s Inner Areas and Community Cooperatives: The – Failed – Case of Gerfalco

Authors

  • Fabio Berti University of Siena
  • Alexandra D'Angelo Università di Torino

Abstract

Il y a quelques années, en Italie, le débat sur la manière de relancer les « zones
intérieures » du pays a refait surface, après de nombreuses années de laisser-aller
envers les zones rurales et de montagne et envers tous les territoires considérés
comme marginaux et improductifs. Ces territoires – qui représente plus de 50%
de la superficie de l’Italie – sont géographiquement complexes et socialement
défavorisés en raison d'une pluralité de dynamiques qui les ont rendus pauvres
tant d'un point de vue démographique et économique qu'en termes de services
disponibles.
Bien que dans certaines phases du processus d'industrialisation il y ait eu des
tentatives d'implantation d'usines et d'extension du modèle productiviste dans
ces zones – presque toujours sans succès, même d'un point de vue
environnemental – à partir d'un certain moment, ces territoires ont été laissés à
eux-mêmes malgré leur richesse en ressources naturelles, paysagères et
culturelles. Le processus d'urbanisation, la tertiarisation de l'économie et la crise
de l'agriculture traditionnelle ont contribué à exacerber les inégalités territoriales
italiennes qui, dans les binômes centre-périphérie et ville-campagne, s'expriment
dans les « zones intérieures » par un degré élevé d'exclusion sociale, l'absence
de services essentiels et l'éloignement des organes de gouvernance du territoire
et de ses ressources. Cependant, une combinaison de facteurs – tels que la hausse du chômage, le coût élevé de la vie dans les villes, la crise écologique des centres
urbains, ainsi qu'un changement culturel et une tentative de réévaluation des
ressources naturelles longtemps considérées comme improductives – a
timidement remis l'accent sur les zones intérieures. L'attention académique et
politique portée aux zones intérieures doit aujourd'hui placer la justice sociale à
côté du principe de la justice environnementale récemment conceptualisé –
défini comme l'idée que la population mondiale devrait avoir un accès égal et
une capacité égale à contrôler les ressources environnementales nécessaires à sa
subsistance et à son bien-être (eau, terre, énergie et air pur).
D'un point de vue politique, une des plus intéressantes actions entreprises pour
rendre les zones intérieures à nouveau attractives et pour parvenir à une plus
grande justice environnementale est la création, puis la diffusion, de ce que l'on
appelle les « coopératives communautaires ». Il s'agit d'un type particulier
d'entreprise sociale qui cherche à renforcer le lien entre le modèle typiquement
coopératif et le territoire et les personnes qui y vivent. Comme leur nom l'indique,
ces entreprises fonctionnent lorsqu'elles peuvent compter sur une communauté de
référence qui croit au territoire dans lequel elle vit et qui cherche à stopper le
processus de dépeuplement en rendant le territoire à nouveau attractif.
Dans une première partie de cet article, nous explorons le concept de « zone
intérieure » et nous analysons la Stratégie nationale pour les zones intérieures
(SNAI).Une deuxième partie se consacre aux coopératives communautaires,
avec une attention particulière à la région de la Toscane, où une analyse de cas
a été réalisée, et qui est discutée dans une troisième partie. La dernière partie de
l'article présente les résultats d'une recherche menée à Gerfalco où, depuis 2017,
d'anciens et de nouveaux résidents ont tenté de créer une coopérative
communautaire. À travers une analyse documentaire et une série d'entretiens,
tant avec les protagonistes de ce projet qu'avec d'autres résidents qui y sont restés
indifférents, les difficultés rencontrées et les raisons pour lesquelles la
coopérative n'a pas été créée seront décrites.


Mots clés: innovation sociale, expérience néorurale, coopératives
communautaires, zones intérieures, Italie

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A few years ago, in Italy, there was a return to the debate on how to try to
relaunch the country’s so-called ‘inner areas’, after many years of inattention
towards rural and mountain areas and towards all those territories considered
marginal and unproductive. These territories—which occupy more than 50% of
the Italian surface—are geographically complex and socially disadvantaged due
to a plurality of dynamics that have made them poor both from a demographic
and economic point of view and in terms of available services.
Although, in some phases of the industrialisation process, there have been
attempts to bring factories and extend the productivist model to these areas—
almost always unsuccessfully, even from an environmental point of view—
from a certain point onwards, the area/territories have been left to their own
devices despite their wealth of natural, landscape and cultural resources. These
dynamics (processes of urbanisation, tertiarisation of the economy, and a crisis
in traditional agriculture) have contributed to exacerbating the Italian territorial
inequalities, which in the centre-periphery and city-countryside binomials, in
the ‘inner areas’ are expressed through a high degree of social exclusion,
absence of essential services and distancing from the governance bodies of the
territory and of its resources. However, a combination of factors—such as
rising unemployment, the high cost of living in cities, the ecological crisis of
urban centres, together with a cultural change and an attempt to re-evaluate
natural resources long considered unproductive—have timidly put the
spotlight back on inner areas. This academic and political attention towards
inner areas nowadays needs to place social justice side by side with the recently
conceptualised principle of environmental justice—defined as the idea that the
global population should have equal access to and equal ability to control
environmental resources necessary for their subsistence and well-being (water,
land, energy, and clean air).
From a policy point of view, among the various actions undertaken to make inner
areas attractive again and to achieve greater environmental justice in these
contexts, one of the most interesting is the establishment, and then the spread, of
so-called ‘community cooperatives’. This is a particular type of social enterprise
that seeks to strengthen the link between the typically cooperative model and the
territory and the people who live there. As the name suggests, these enterprises
work when they can count on a ‘community’ reference that believes in the
territory in which it lives and seeks to halt the process of depopulation by making the territory attractive again. In the first chapter, we explore the concept of ‘inner
area,’ and we analyse the National Strategy for Inner Areas (SNAI);
successively, the second chapter is dedicated to community cooperatives, with
particular attention to the Tuscany Region, where a case study analysis was
conducted, which will be discussed in the third chapter. The final part of the
article presents the results of research conducted in Gerfalco where, since 2017,
old, but above all, new residents have tried to set up a community cooperative.
Through a documentary analysis and a series of interviews both with the
protagonists of this project and with other residents who remained indifferent to
it, the difficulties encountered and the reasons why the cooperative was not
established will be described.


Keywords: social innovation, neo-rural experience, community cooperatives,
inner areas, Italy

Author Biographies

Fabio Berti, University of Siena

Full professor at the Department of Social, Political and Cognitive Sciences, University of Siena

Alexandra D'Angelo, Università di Torino

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Published

2022-07-27